Les biais cognitifs : comment agissent-ils sur notre prise de décision ?

7 février 2024 | entreprise, particulier

Choisir c’est refuser, mais – selon Sénèque – être heureux, c’est aussi choisir… Saviez-vous que nous prenions des décisions avant même de le savoir ? Les biais cognitifs en sont les principaux responsables. Ces mécanismes cérébraux guident notre prise de décision. Naturellement, notre cerveau prend des raccourcis mentaux. Partons à la découverte de ces mécanismes qui influencent sur nos comportements.

Comment les biais cognitifs influencent-ils nos décisions ?

©  Bret Kavanaugh – Unsplash

Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?

La pensée humaine est tout sauf objective, elle est soumise à diverses distorsions cognitives. Les biais cognitifs sont des mécanismes cérébraux qui nous font voir une réalité filtrée. C’est une façon que notre cerveau a de percevoir la vérité, de la transformer afin qu’elle corresponde à nos valeurs, nos croyances ainsi qu’à nos besoins.

C’est une grille de lecture pour le cerveau qui altère l’évidence afin que ce dernier soit rassuré. Nous avons plein de manières d’être irrationnels. Les biais cognitifs nous le démontrent, et nous percevons donc ce qui nous arrange

“Un biais cognitif est une manière qu’on a de se tromper – qui est universelle et prévisible – qui va toujours dans le même sens, et qui fausse notre raisonnement d’une façon qu’on peut prévoir à l’avance.” @Olivier Sibony, professeur affilié à HEC Paris

Comment les biais cognitifs se traduisent-ils ?

Les biais cognitifs sont tels des messages cryptés. L’algorithme de notre cerveau a parlé. On visualise des flashbacks, mentalise des souvenirs, opte pour un comportement semblable au passé

Comme une spirale de pensées, notre cerveau reproduit les mêmes choses de façon indomptée. Et lorsque l’on répète les choses, cela devient un programme de pensée et il faut alors s’interroger

5 exemples de biais cognitifs courants

Le biais du cadrage serré

Il correspond à notre propension à voir un nombre limité de possibilités. Nous avons alors tendance à réduire inconsciemment les options qui s’offrent à nous, et plutôt avec des questions fermées.

Exemple : lors d’un conflit, une négociation, on prend en compte seulement deux issues possibles, sans en envisager d’autres. “Je pars ou je reste ?”, “il a tort, et j’ai raison !”.

Le biais de confirmation

Il consiste à filtrer les informations pour répondre à nos préférences profondes. Nous cherchons en priorité les données qui confirment notre manière de penser, et négligeons tout ce qui pourrait la remettre en cause. Le biais de confirmation peut donner une fausse impression d’objectivité et contribuer à l’excès de confiance ainsi qu’au maintien des croyances face à des preuves contraires.

Exemple : dans la mise en place d’un projet, on rassemble tous les éléments qui vont confirmer ce que l’on pense sans évaluer les autres informations.

Le biais de l’immunité à l’erreur

Ce biais est un tyran de l’irrationalité, il réfute les faits les plus concrets. C’est la vanité qui prend le dessus. “J’ai toujours raison parce que c’est moi”. Cette réaction reflète un excès de confiance, une tendance à surestimer ses capacités.

Exemple : une personne peut être convaincue d’être un bon conducteur alors même qu’elle vient d’avoir son permis de conduire suspendu. “Je reste prudent et avec de bons réflexes même après 2 verres d’alcool !”.

Le biais de projection

Il est l’un des plus courants. C’est le miroir déformant. Ce biais cognitif nous fait voir nos propres traits et croyances chez les autres. Nous percevons le monde et le comportement des autres à notre propre image.

Exemple : quelqu’un de ponctuel pense que tout le monde devrait l’être aussi et sera consterné par les gens en retard. “Il faut prendre ses précautions pour arriver à l’heure, ce n’est pas compliqué d’anticiper !”.

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Le biais de conformité

Ce biais nous pousse à adopter les opinions ou les comportements des autres parce qu’ils sont populaires ou largement acceptés. C’est ce qu’on appelle l’effet d’entraînement. Il est essentiel de le limiter au sein de l’entreprise pour booster l’intelligence collective !

Exemple : en entreprise, les collaborateurs vont avoir tendance à se suivre les uns les autres, à agir comme la majorité, à valider les idées générales… Pourtant, la créativité et la critique positive font avancer les équipes !

En quoi les biais cognitifs affectent-ils notre prise de décision ?

Notre cerveau prend une décision en 230 millisecondes et avant même que nous le sachions ! Il est comme une immense chambre d’informations. C’est à travers nos expériences et nos croyances que nous prenons des décisions. Nous agissons dans un sillon déjà tracé par notre passé. C’est scientifiquement prouvé, aucun choix n’est éclairé puisque notre rationalité est influencée. Nous avons tendance à réitérer les faits et reproduire les mêmes schémas pour calmer notre anxiété. 

Nous serions donc, malgré nous, amenés à faire les mêmes choix en boucle, comme si nous répétions toujours le même scénario

  • une addiction aux substances (sucre, drogues, etc.) 
  • une addiction comportementale (maniaquerie excessive, crise de boulimie, etc.)
  • des états de stress post-traumatique (flashbacks, cauchemars, etc.)
  • un schéma relationnel toxique (amical, amoureux et/ou parental)

Que ce soit dans votre vie professionnelle ou personnelle, la prise de décision se doit pourtant d’être la moins partiale possible. Plus difficile à dire qu’à faire, lorsqu’on sait que notre choix peut être influencé par pas moins de 250 biais cognitifs

Alors, comment faire confiance à son cerveau & être pleinement conscient de ses choix ?

Comment contrer les biais cognitifs ?

Il est important de comprendre que parmi nos 6 000 pensées journalières, aucune n’est une vérité, elle est une option. Lors d’une pensée, vous allez immédiatement déclencher une manière de réagir en fonction de tous les biais cognitifs évoqués, c’est-à-dire selon vos croyances. Ce n’est rien ou ça devient dramatique : la prise de décision est alors difficile.

Si l’on considère que nos pensées sont des options, et si l’on peut prendre assez de recul pour ne pas réagir immédiatement à l’environnement (ce qui nous entoure, notamment les personnes), on adopte alors un comportement plus adapté à la prise de décision.

On le sait bien, la peur est toujours une mauvaise conseillère. La colère aussi. Combien de fois, des collaborateurs ont-ils répondu à un mail – piégés par la colère – et l’ont regretté ensuite ?

“Combattre la tyrannie de l’instant : se libérer et se dégager de cette obligation de réactivité immédiate aux sollicitations du temps bref pour s’échapper d’une logique de l’immédiat et s’engager dans la durée.” Marc Aurèle

 Alors, savoir prendre de la hauteur, considérer que notre croyance peut être erronée, se mettre à la place de la personne qui vous a heurté, entendre d’autres points de vue vous aidera. N’oubliez pas, beaucoup de ressources sont en vous. Maintenant, rester en cadre de référence interne est aussi essentiel, puisque vous portez la responsabilité de vos choix et de vos actes.

Enfin, n’oubliez pas que l’humour est salvateur : reconnaître ses propres mécanismes de défense, et en rire, les rend moins tyranniques ! Cette prise de recul, via l’autodérision, permet aussi de faire une meilleure introspection

KAIRIUS pour vous éclairer et vous accompagner

Notre cerveau tire des conclusions rapides et économes pour nous rendre service. La plupart du temps, elles sont suffisantes et (à peu près) pertinentes pour nos besoins immédiats. Mais parfois, elles nous desservent et nous conduisent dans des méandres qui discréditent l’idée même de libre arbitre.

Adopter un bon comportement nécessite une compréhension des raccourcis de pensée. Il est important d’analyser les mécanismes utilisés par notre cerveau pour nous faciliter la vie et d’être accompagné pour plus de lucidité.

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Faites appel à l’expertise de KAIRIUS pour les discerner et vous aider à prendre des décisions éclairées sans percevoir une réalité biaisée. Lors d’ateliers, ou de sessions de coaching individualisées, nos têtes chercheuses sont là pour vous guider !